"Papa soulève-moi, mes jambes ont été arrachées!"
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«Papa soulève-moi»! Perdu dans une fumée noire après un raid au baril d’explosifs à Idleb en Syrie, Abdel Basset, neuf ans, tente de se redresser après que ses jambes ont été arrachées par l’explosion.
Ce garçonnet a été victime jeudi d’une attaque au baril d’explosifs largué par l’aviation du régime sur la localité d’Al-Hbeit, dans le sud de la province d’Idleb dans le nord-ouest du pays en guerre.
Les images atroces d’Abdel Basset Al-Satouf aux jambes arrachées appelant à l’aide son père alors qu’il ne parvient pas à se lever, ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux, devenant le nouveau visage de ce conflit qui a fait plus de 310.000 morts depuis 2011.
L’enfant a été conduit aussitôt dans un hôpital de la capitale provinciale éponyme pour les premiers soins, avant d’être transféré vendredi en Turquie pour y être traité par des spécialistes.
Dans l’ambulance en route vers la frontière, Abdel Basset revient sur le cauchemar qu’il a vécu. Son père, Taan, tente de garder son calme.
«Nous étions en train de déjeuner (à l’extérieur) lorsque les barils ont commencé à pleuvoir sur la localité. Mon père a couru alors pour nous dire de rentrer à la maison», raconte-t-il à l’AFP.
(AFP) «Mais arrivés à la porte, un baril est tombé et a explosé. Le feu s’est aussitôt propagé et a atteint mes jambes qui ont été arrachées», poursuit le garçon. «Mon père m’a tout de suite porté et m’a allongé au sol (près de la maison), puis une ambulance est venue et (les secouristes) m’ont soigné», ajoute-t-il.
« Sa mère est morte » Dans la vidéo, Abdel Basset, sous le choc, est montré assis alors que des cris s’élèvent autour de lui appelant au secours. Après avoir sorti son fils, Taan est retourné dans la maison à la recherche des autres membres de la famille, dont trois ont péri dans l’attaque. C’est «un véritable massacre», dénonce le propriétaire de la maison, Walid Abou Rass. Au moment du raid, la famille était en train de déjeuner dans le jardin, tandis que M. Abou Rass et le père marchaient à proximité. Le temps de réaliser qu’il s’agissait d’un raid, un «baril d’explosifs était tombé provoquant une grande explosion», raconte le propriétaire.
(AFP) Le père a couru comme un fou pour secourir sa famille. «Les jambes d’Abdel Basset ont été arrachées. L’une de ses soeurs a été tuée. Une autre a été blessée. Sa mère est morte mais il ne le sait pas encore», ajoute M. Abou Rass. L’un de ses beaux-frères a aussi trouvé la mort. M. Abou Rass a expliqué que la famille était arrivée dans la province d’Idleb il y a moins de deux ans, après avoir été déplacée par la guerre comme plus de la moitié de la population syrienne. Ils vivaient avant à Latamneh dans la province voisine de Hama. « Enfants victimes de la guerre » La vidéo d’Abdel Basset est l’une des dernières en date à attirer l’attention sur les souffrances des civils en Syrie, particulièrement des enfants. En août 2016, c’était celle d’Omrane: l’image de ce garçon de quatre ans, abasourdi, le visage recouvert de sang et de poussière, assis seul dans une ambulance après la destruction de sa maison à Alep, a fait le tour du monde et provoqué une onde de choc. Le régime et les rebelles observent en principe depuis le 30 décembre un cessez-le-feu parrainé par la Turquie et la Russie. Si les combats ont baissé d’intensité dans la majeure partie du pays, des violences sporadiques meurtrières continuent. Le recours par le régime aux barils d’explosifs, largués par des hélicoptères ou des avions militaires, est dénoncé par l’ONU et des ONG internationales. Le président Bachar al-Assad dément l’utilisation par ses forces de cette arme qui tue de manière aveugle. Vendredi après-midi, l’ONG islamique turque IHH a diffusé sur son compte Twitter une image d’Abdel Basset arrivant en Turquie et entouré de secouristes. Sur une autre, il apparaît sur une civière, couvert d’une épaisse couverture. A ses côtés, un canard jaune en peluche, qui a presque sa taille.